C.onstance

Elle était proue en son domaine,
Figure, vaisseau et capitaine,
Elle était proue, elle était déesse,
Elle s'enivrait de la drôlerie des bords de mer,
Elle chevauchait les plaines,
Elle coursait les déserts,
Elle fermait les yeux et se rêvait reine.
Elle rêvait haut, elle pleurait bas,
Elle chuchotait ses peines,
Parfois elle ne pipait pas,
Pas un mot.
Elle écrivait tout bas,
Des mots qui formaient des ruisseaux.
Elle rêvait beau,
Elle ne tremblait pas.
Constance au petit jour aimerait bien passer son tour.

aRmure

Petite Chevalière a voulu faire la guerre sans son heaume. La guerre à visage et à corps découverts. Une guerre, un combat qui ne disait pas son nom.
Devant tant de tracas, qui malgré les angles et les entrechats ne bougeaient pas, Petite Chevalière haussa les épaules. Elle se dépeça de ses derniers bouts d'armure, elle n'en voulait plus. Elle déposa les armes et tourna le dos.

A.igrette

Aigrette aigrelette brinquebalée par le vent se balade, visite, regarde de haut, de loin.

rAsoir

Elle est funambule, elle avance sur le fil de rasoir. Quoi qu'elle fasse, ça tranche.

bOulier

Elle dit, au mois d'avril
Je suis une machine à empiler les listes au fond de mes poches. Les callosités dans la paume de ma main me font office de boulier. Je compte mes pas et cette comptaison me pompe toute ma concentration. C'est exprès, c'est un stratagème qui m'a demandé des années de mise au point. Aujourd'hui c'est un réflexe plus précieux que mon cœur qui bat, plus cher que l'air qui emplit mon poumon. Je compte et je ne pense pas. Je compte sur moi.

S.ource

Elle est la femme-source. Elle sait où puiser sa peine, elle connaît les rivières le long de ses joues.
Elle sait les trop-pleins des moments chargés d'intensité qui claquent en coup de tonnerre un peu plus loin, un peu après.
Elle sait. Elle se taira et laissera faire.
Elle se laissera malmener par le vertige des chutes des instants d'après, elle se laissera piétiner par le manque, d'autant plus aigü qu'il est tout frais. Elle offrira son corps et son coeur et son esprit, peut-être son âme, à la douleur du "pas assez", cette douleur de l'humeur gâtée-pourrie, fracassée par le "pourquoi ?" et ses réponses en tout petit.
Elle s'assied, elle se tait, elle se vide. Elle pleure.

moiZelle

La moizelle a le cœur suspendu à un fil qui fait balancier.
Un coup ça s'emballe, un coup ça se remballe.
La demoiselle papillon a la voltige au creux de l'âme. Il est minuit moins une sur sa fréquence, ses ascenseurs ne se cassent plus la gueule. Il fait clair de lune et même les nuages sont jolis.
Elle a convoqué en son épicentre des forces obscures dont elle n'a plus peur. Dont elle ne veut plus avoir peur.