D.eux

Elles étaient deux sur la route à se tenir la main,
Deux accroupies au bord du chemin
A regarder le même caillou luire après la pluie du matin.
Elles étaient deux à regarder au loin,
Deux à rire parce que c'était mieux que de se laisser pétrir par le chagrin.
C'était mieux pour ne pas se laisser envahir par les herbes folles du Rien.
Deux à crever de l'indifférence autour et des bords des ravins.
Elles étaient deux et n'avaient plus que trois mains,
Et la force d'un levier pour soulever le bouclier posé sur leurs demains.

Au neuvième matin, le jour les a trouvées déliées.
La nuit avait fini son tour, d'autres horizons se dévoilaient.
Au petit jour elles se sont regardées, étonnées.
Elles avaient quatre mains.
Et les pieds sur d'autres chemins.
Chacune le sien.